Visite des fouilles de Boves

Accueilli par Philippe Racinet et Richard Jonvel, un petit groupe du Ciras a visité les fouilles du château de Boves.

Siège de l’autorité de puissants seigneurs puis de la famille des ducs de Lorraine, Boves a connu la construction de cinq châteaux. Abandonné sur ordre du roi Henri IV, le dernier sert de carrière de pierre aux XVIIe et XVIIIe siècles. Aujourd’hui, seuls les vestiges d’une tour du château du XIVe siècle se dressent au-dessus du village.


Les fouilles archéologiques menées chaque année sur la plate-forme de la motte ont livré d’importantes informations sur les différentes résidences qui se sont succédées.

Construction de bois à l’origine, le château a évolué jusqu’au XVI° siècle et cinq étapes de la construction ont été observées et mises en évidence par les fouilles archéologiques

Construit sur un éperon naturel qui domine la Noye et l'Avre, protégée par une autre vallée encaissée (vallée des Aires), le château proprement dit était terminé par deux basses-cours. la première, longue de 280 m, domine d'une trentaine de mètres la vallée de la Noye. La seconde basse-cour, longue de 260 m, est séparée de la première par un chemin creux qui entaille la falaise orientale, vers la vallée de la Noye. Profitant d'une entaille (vallée sèche) dans la falaise dominant la vallée de la Noye, un grand fossé d'environ 300 m de long, relie ces deux vallées. Il coupe ainsi le promontoire à un endroit propice à la fois au développement d'un habitat et à la défense de celui-ci. Très bien conservé, ce fossé offre une emprise totale d'environ 45 m de large au niveau de la grande motte castrale. Il présente une dénivellation de 12 m par rapport au plateau situé au sud, à l'extérieur de l'ensemble castral, et de 21 m par rapport au sommet
de la plate-forme de la motte castrale.




Le village de Boves se trouve derrière le cimetière. Il y avait un prieuré qui dépendait de Lyons en Santerre.

Vue d'ensemble de la fouille - basse cour

La fouille de la basse cour a été commencée en 2014. Pour la première fois en Europe on aura une fouille exaustive d'un espace de basse cour.

C'était une annexe de la résidence aristocratique : écuries, cuisines...

Le château avait une vocation militaire évidente, mais était aussi un lieu de résidence des seigneurs. Courant 12è siècle ils quittent la basse cour qui change alors de fonction. Cet espace est évoqué dans les textes  du 165è et 17è siècles.

Un premier sondage en 2012 révèle des structures du 11è et du  12è siècle. En 2014 700m2 sont fouillés, et la zone est augmentée de 400m2 cette année.




La fouille se situe dans une pâture privée, ce qui est une contrainte car il faut régulièrement reboucher ; toute la partie nord a été remblayée et les découvertes enterrées.

Guillaume le Breton, chroniqueur de Philippe Auguste raconte que le château fut assiégé en 1185 par Philippe Auguste parce que le seigneur de Boves s'était allié au Comte de Flandres.

Cette butte est entièrement artificielle. C'était une motte de siège, destinée à recevoir le matériel de défense.

La motte et l'emplacement du fossé

La couche noire correspond au niveau d'occupation des premiers habitants de la basse cour.Elle n'a pas été retrouvée sur la deuxième terrasse, ce ne sont pas les mêmes niveaux d'occupation.

Dans cette couche noire on a retrouvé des graines.

On voit aussi les traces de piquets et une encoche correspondant à un poteau en bois.

Tabletterie - éléments de peignes en os et manche?

Les trous correspondent aux trous de poteaux ; avant de placer les poteaux on faisait une grande fosse, et on recomblait autour du poteau. La datation est faite au C14.

Vue générale de la seconde basse cour

Le dernier château date de la fin du 14è siècle et fut démonté au 17è siècle à l'époque de la Ligue comme tous les châteaux des ducs de Guise. Les murs est/ouest ont été démontés et les murs nord/sud laissés.

L'étude historique des textes est en cours : une thèse a été faite sur lapériode du 10è au 13è siècle. Une seconde thèse est en cours sur la période du 13è au 16è siècle.

L'étude du mobilier apportera encore beaucoup d'éléments sur l'occupation du château : 3000 objets métalliques, plus d'une tonne de céramique, 9 tonnes d'ossements, 10 tonnes de sédiments, graines..

Plusieurs numéros de la Revue archéologique de Picardie ont été consacrés à Boves : en 2000 sur le mobilier, une autre publication est parue en 2008 .

Les fouilles ont permis de mettre en évidence les différentes phases d’occupation du site et de mieux
connaître la vie quotidienne d'un milieu seigneurial et son évolution sur le temps long depuis le Xe siècle jusqu’au démantèlement du château au XVIIe siècle.
Cette année, la fouille concerne, dans la motte, les niveaux de chantiers datables de la fin du IXe-début
Xe siècle et, dans la basse-cour, des vestiges tels que fonds de cabane du XIe, silos et trous de poteaux de la fin du Haut Moyen Âge, installations médiévales du XIIe-XVe siècles. Les observations se portent notamment sur une puissante maçonnerie implantée dans les fossés concomittant à une remilitarisation au XVIe siècle du château.

Prochainement une conférence de Philippe Racinet et Richard Jonvel complètera cette visite.


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