L’agglomération gallo-romaine de Vendeuil-Caply

La prochaine conférence du CIRAS aura lieu le vendredi 21 février 2020, à 20h30 à la DRAC (Salle Robida, 61 rue Saint-Fuscien). Elle sera animée par Vincent Legros, ingénieur de recherches à la DRAC Hauts-de-France, responsable des fouilles.

 À Vendeuil-Caply, au cours des soixante années de recherches archéologiques, les fouilles programmées ont principalement visé l’étude des monuments publics, deux théâtres et un fanum, ainsi qu’un camp militaire romain d’époque césarienne partiellement fouillé. Située non loin des sources de la Noye, l’environnement général est marqué par une vallée sèche, "la Vallée Saint-Denis", bordée de trois éminences, "le Câtelet", lieu d’implantation du camp, puis d’un théâtre et d’un fanum, le "Calmont", rattaché au "Froid Mont" par un étroit passage à l’est qui présente la morphologie typique d’un éperon barré susceptible d’être le site d’un oppidum. Ce secteur, à proximité de la frontière des Ambiens, appartiendrait au territoire bellovaque non loin de la grande voie antique Amiens–Senlis.

 

Les premières occupations de la "Vallée Saint-Denis" vers la fin du règne d’Auguste sont matérialisées par structures sur poteaux. Suite à un vaste incendie sous le règne de Claude, l’agglomération est rebâtie. Les bâtiments possèdent des fondations en blocs de craie et des murs à pans de bois ou en moellons calcaires. À la fin du Ier siècle, une période de construction s’intensifie (fana, théâtres, sanctuaires et habitats). Vers 170-180, un incendie ravage l’agglomération dont les traces sont observées ailleurs dans la région. Les reconstructions postérieures en pan de bois et torchis reposant sur des plots de récupération sont moins denses. Le déclin de l’agglomération s’accélère avec les crises économiques et militaires du IIIe siècle. Le site est encore largement occupé au IVe siècle. Les indices se raréfient après le début du Ve siècle. La fouille d’une nécropole de 250 défunts a permis de signaler l’arrivée de migrants venus d’Europe centrale. L’agglomération de Vendeuil-Caply, bien que sur le déclin, constitue encore un pôle fixateur de l’habitat. Les témoignages des siècles suivants sont sporadiques.

 

Les premiers textes citant Vendeuil remontent au VIIIe siècle : un « pagus vindiolensis » est mentionné dans le testament d’Adhalardus, en faveur de l’abbaye de Saint-Denis en 766. Cette agglomération correspondrait à Bratuspantium cité par César (B.G., II, XIII, 2-3). Connue depuis la Renaissance, elle est surnommée le Pérou des Antiquaires pour sa richesse en vestiges. Sous le Second Empire, l’intérêt de Napoléon III pour la Guerre des Gaules, ravive la controverse sur Bratuspantium et fait réaliser des fouilles en 1863. Dans la seconde moitié du XXe siècle, le site a été survolé à de nombreuses reprises par Roger Agache et François Vasselle qui en établit le plan. Au XXIe siècle, les prospections électromagnétiques furent l’occasion d’acquérir des données spatiales significatives.

 

Depuis 2013, la fouille programmée est menée sur un secteur localisé à une centaine de mètres du grand théâtre sur une emprise de 1000 m2. Au stade de l’état d’avancement de l’opération, 7 phases chronologiques semblent a minima se définir. Vers la fin du 1er siècle avant notre ère, une carrière d’extraction de tuf calcaire est implantée, puis s’installe des bâtiments élevés en pans de bois et torchis et ancrés dans des radiers calcaires. À la fin du règne de Claude, plusieurs structures construites en grand appareil calcaire à sol en mortier de tuileau présente une organisation semblable à celle d’un sanctuaire. Suite à un incendie, il est rebâti sur un niveau détritique préalablement nivelé. Il s’organise en fonction de 4 unités architecturales, dont un temple prostyle flanqué d’un piédestal monumental, d’une galerie et d’un mur de clôture. Aux abords de la rue sud-ouest, la fouille du caniveau avait livré 300 statuettes avec des traces de polychromie. Le troisième état du sanctuaire (phase 5) est matérialisé par un ensemble de radiers de fondation en calcaire se superposant quasiment aux structures de la phase 4. Les phases 6 et 7 (second tiers du IIIe s) sont caractérisées par des caves apparaissent sous les niveaux de labour.

 

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