AMIENS Comme un os au service d’archéologie

Courrier picard - 27 juin 2016

La suppression d’un poste au service d’archéologie préventive d’Amiens Métropole est à l’ordre du jour du conseil du 4 juillet. Ce qui suscite des interrogations sur les vrais motifs.

J e suis en congés de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) pour convenance personnelle. Si je suis licencié, je ne pourrai même pas m’inscrire à Pôle emploi  », explique, amer, Éric Binet, archéologue depuis 35 ans et au service archéologie préventive d’Amiens Métropole depuis 2011.

 

 

La suppression de son poste est à l’ordre du jour du prochain conseil métropolitain lundi 4 juillet. «  Cette décision doit faire l’objet d’un vote du comité technique ce mardi 28 juin, explique Didier Lesueur, du syndicat Sud, dont Éric Binet est un représentant au sein du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSTT), qui a demandé à rencontrer Brigitte Fouré, vice-présidente chargée du personnel. Sans réponse pour l’instant. Nous sommes d’ailleurs soutenus par la CGT, FO et l’UGICT.  »

 

« Le maintien à l’effectif n’est pas justifié »

 

Pour la collectivité, «  le maintien à l’effectif de ce poste n’est pas justifié au regard de l’analyse de l’activité du service. En effet, les fouilles archéologiques dans le centre-ville d’Amiens sont inusuelles du fait de la profondeur d’enfouissement des vestiges antiques. Lorsque la réalisation de diagnostics met en évidence la présence de vestiges, le changement de projet est généralement préféré à la fouille  » par les aménageurs.

 

Archéologue antiquité, Éric Binet a la même spécialité que le chef du service. «  L’existence de deux responsables d’opération présentant la même compétence n’est donc plus nécessaire  », justifie Amiens Métropole. «  Nous avions pourtant créé un service d’archéologie préventive en 2010 en raison de la richesse du sous-sol et pour raccourcir les délais de réalisation des diagnostics pour les chantiers prioritaires. En cinq ans, plus de 50 diagnostics et 5 fouilles ont été réalisés comme à Thézy-Glimont ou à la citadelle », insiste Jacques Lessard, conseiller communautaire PCF et ex-vice président chargé des finances qui s’émeut du sort réservé à cet agent. Tout comme le groupe des élus socialistes qui ont prévu un point presse ce mercredi 29 juin.

 

 

Pour Éric Binet et Sud, l’argument budgétaire, soit la suppression d’un poste permettant l’équilibre du budget alimenté par le versement d’une redevance par les aménageurs, ne tient pas. «  Les chantiers redémarrent. Il y a le projet de bus à haut niveau de service ou le dépôt à Rivery. » Tout comme le fait qu’il ferait doublon avec sa chef de service «  qui n’est pas spécialiste d’archéologie urbaine », explique l’homme, qui a par exemple mené les fouilles de la patinoire au Coliseum. «  Il y a surtout un gros problème de management », assure Didier Lesueur.

 

 

«  Et des questions sur l’avenir de ce service  », s’interroge Jacques Lessard. Amiens Métropole doit également voter la demande de renouvellement de l’agrément du ministère de la Culture. «  Celui concernant la période médiévale ne sera sûrement pas renouvelé et celui sur l’antiquité était soumis, en 2011, à mon arrivée dans le service  », insiste Éric Binet, qui déplore, au-delà de son cas personnel, les conditions de travail dans les locaux «  temporaires  » de la rue Colbert dans le quartier Renancourt.

 

Estelle Thiébault

 


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