Des fouilles archéologiques préventives sont menées actuellement le long de la future artère du Santerre, une énorme canalisation de gaz, reliant Chilly à Gournay-sur-Aronde (Oise).
Courrier Picard 3 décembre 2015
Même si les fouilles archéologiques ne sont pas faites au hasard, les découvertes sont parfois surprenantes. C’est le cas actuellement dans le territoire de la petite commune de Bus-la-Mésière, au sud de Roye. Ici l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) procède à des fouilles pour le compte de GrDF, qui a programmé l’installation d’un gazoduc enterré, dénommé artère du Santerre.
« Nous savions qu’il y avait potentiellement des choses intéressantes à découvrir, car des prospections de surface, réalisées en 1996, laissaient présager l’existence d’un site romain. Mais la découverte que nous avons faite est inattendue et relativement exceptionnelle », s’enflamme Stéphane Gaudefroy, responsable d’opérations à l’INRAP. Il détaille : « Nous avons décidé de fouiller un site de 300 mètres de long et 20 de large, pour découvrir en particulier une cave d’une demeure cossue datant du IIe ou IIIe siècle. À l’intérieur, il y avait des peintures murales rejetées là, après la destruction d’un ou plusieurs bâtiments. Ces enduits peints, de couleurs vives (rouge, ocre et vert) indiquent qu’il s’agissait d’une bâtisse importante. Probablement un grand corps de ferme ou un relais routier. »
À cette époque, les bâtisseurs avaient l’habitude d’appliquer un mortier de chaux sur les pierres. Celui-ci était ensuite peint, pour la décoration. « Mais l’utilisation de différents pigments indique que le propriétaire devait être sûrement quelqu’un d’important », indique le spécialiste archéologique.
Le site des fouilles se trouve à proximité du passage de l’ancienne voie romaine, qui reliait Bavay (Nord) à Beauvais (Oise). La cave et donc les fondations de la demeure sont relativement bien conservées, car construites avec de la pierre calcaire de Mortemer, un petit village de l’Oise, situé à quelques km. Ce type de pierre est réputé pour sa solidité. Pour autant, « ce n’est pas une structure, qui mériterait d’être démontée et remontée ailleurs, pour le public. C’est pourquoi, nous allons soulever les pierres du dallage, pour voir ce qu’il y a en dessous et ensuite, le trou sera comblé », avertit Stéphane Gaudefroy.
En dehors des enduits peints, les archéologues ont découvert divers objets et d’innombrables fragments de poteries et de tuiles.
Le responsable des fouilles explique cette profusion : « Le secteur est connu pour l’exploitation de la terre argileuse, que l’on trouve en abondance. C’est le cas à Beuvraignes, un village à proximité, où il y avait une fabrique de tuiles. Les villages de l’Oise, non loin d’ici, évoquent cette activité. Il y a Conchy-les-Pots, bien sûr, mais également Boulogne-la-Grasse, ainsi appelée à cause de la terre présente dans le sol. »
Carlos Da Silva
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